A vous écouter, vous, élèves de l'Atelier Journal, à lire les mots que vous écrivez au sujet de la vie dans ce fameux "quartier" de la Plaine d'Ozon, je me dis que vivre dans un lieu où tout le monde se connaît, où tout le monde observe tout le monde, où tout le monde connaît les moindres faits et gestes des autres, cela semble, à votre âge en tout cas, étouffant.
Vous vivez dans une ville, mais ce quartier me semble vous renfermer, à la façon d'un village ! Vous dites qu'on vous fait une réputation en quelques heures, qu'il suffit de vous croiser en compagnie d'un garçon (même si c'est juste un ami) pour que la rumeur enfle, de bouche à oreille, jusqu'à vous faire une "réputation".
Je voudrais vous parler de cela, mais vous êtes parties en vacances ! Et vous avez bien raison !
Je trouve insupportable l'idée que des gens se permettent de parler des autres, de médire des autres, de "tailler une réputation" aux autres. C'est simplement malhonnête et j'ose espérer que nulle d'entre vous n'aura à subir de telles humiliations : parce que vous seriez victimes de la rumeur et que la rumeur fait et défait les réputations, au gré des jours, au gré des évènements. Il n'y a rien de plus dangereux, dans une vie de quartier, que cette rumeur qui vise une, deux, trois personnes et les met à l'écart. Les montre du doigt.
Sur quelle base ? Une petite phrase entendue et mal interprétée ? Une photo qui circule, une vidéo ? Un SMS intercepté ? Un coup de téléphone espionné ? Toute personne a droit à sa vie privée, nul n'a le droit de juger de situations qui relèvent de cette vie privée. Nul n'a le droit de rendre publics des évènements de la vie privée. Et si cela arrivait, par inadvertance, nul n'aurait le droit de juger. Et celui (ou celle) qui aurait rendu public des situations de vie privée d'autrui , sans son autorisation, serait malhonnête.
Savez-vous qu'il existe une chanson de Georges Brassens (quoi, vous ne connaissez pas Georges Brassens ?) intitulée : "La mauvaise réputation ?" En voici quelques extraits :
La mauvaise réputation
Paroles et Musique: Georges Brassens 1952 Au village, sans prétention, J'ai mauvaise réputation.
Qu'je m'démène ou qu'je reste coi
Je pass' pour un je-ne-sais-quoi !
Je ne fais pourtant de tort à personne
En suivant mon chemin de petit bonhomme.
Mais les brav's gens n'aiment pas que
L'on suive une autre route qu'eux,
Non les brav's gens n'aiment pas que
L'on suive une autre route qu'eux,
Tout le monde médit de moi,
Sauf les muets, ça va de soi. (...)
S'ils trouv'nt une corde à leur goût,
Ils me la passeront au cou,
Je ne fais pourtant de tort à personne,
En suivant les ch'mins qui n'mènent pas à Rome,
Mais les brav's gens n'aiment pas que
L'on suive une autre route qu'eux,
Non les brav's gens n'aiment pas que
L'on suive une autre route qu'eux,
Tout l'mond' viendra me voir pendu,
Sauf les aveugles, bien entendu.
Intéressante, cette chanson, non ? Pour conclure, et pour vous laisser en vacances, un message : n'attachez pas trop d'importance à ces réputations qui se font et se défont selon l'humeur des gens qui les établissent : c'est eux qui sont à blâmer.